22/01/2008

II - a) Passer un message objectif :

« La crise des missiles » en 1962, cliché représentant le plus beau succès de la CIA en matière de renseignement photographique : En effet, nous y apercevons les missiles installés à Cuba qui présentaient une menace pour les Etats-Unis.

Il est évident que la plupart des photographies veulent passer un message, qu’il soit objectif ou subjectif.
Qu’est-ce qu’un message objectif ?
Si on cherche le mot « objectif » dans le dictionnaire, en voici la définition :

1. Se dit de quelque chose dont la réalité s’impose à l’esprit, à la perception, indépendamment de toute interprétation.
2. Se dit de quelqu’un qui ne fait pas intervenir d’éléments affectifs, de facteurs personnels dans ces jugements, impartial, neutre.

Un message objectif peut être considéré comme une information sur la réalité, sans ajout personnel ni retrait d’éléments, et sans avis sur cette information.
Un photographe qui veut faire une photo objective devrait-il alors raisonner comme un robot ? Ses photos peuvent paraître objectives, si il n’y met aucune modification ni mise en scène, aucun filtre de couleur ni lumière artificielle… Pourtant même les choix d’appareil, d’angle, de cadrage, de positionnement de l’appareil sont subjectifs. Ils ne sont ni neutres ni dénués de jugement. Néanmoins, nous pouvons juger que certaines photographies sont objectives. Nous allons essayer de voir si les deux photographies ci-dessous le sont.

Dans cette célèbre photo de l’un des théoriciens de la désobéissance civile et de la résistance à l’oppression par la non-violence, Gandhi ne pose pas, il vaque simplement à ses occupations. Il revêt son habit habituel, et ne fais pas attention à la photographe. Le flash n’est pas utilisé. On peut donc dire que la photo nous montre la réalité.
Margaret Bourke-White (la photographe) a tout de même inclus un élément : Au premier plan se voit un rouet, symbole du peuple indien. C’est aussi un objet traditionnel symbolisant le rejet de l’industrie coloniale. Il sert à filer du tissu pour en faire des vêtements. Gandhi l’utilisait fréquemment. On est donc face à une apologie du célèbre politicien, où ses idéaux sont mis en valeur. Peut-on dire alors que cette photo est objective, sachant que son auteur a fait ce choix ?

« Mai 68 » de Gilles Caron (1968)

La photographie ci-dessus représente bien l’insolence et la fraîcheur du mouvement qui, rappelons-le, a bien failli emporter la Vème république. De quel point de vue a voulu nous faire part le photographe ? La photo semble prise sur le vif. Nous sommes du côté des policiers. Nous en voyons un en contre-plongée ce qui peut montrer son autorité. Au centre de la photo, un jeune révolté qui nargue les forces de l’ordre. Contrairement aux policiers, celui-ci sourit, et est habillé de vêtements clairs. Notre regard est donc centré sur lui. De plus, c’est le seul personnage dont on voit les yeux. Néanmoins, on peut considérer comme objective cette photographie : Le point de vue semble neutre, on ne sait pas si c’est le sentiment d’autorité des forces de l’ordre ou celui de moquerie qui domine.

Ces deux photographies soulèvent un problème majeur autre que celui de savoir prendre une photo objective : Celui de savoir juger une photo. Chacun peut interpréter le message à sa façon. L’objectivité d’une image n’est peut-être qu’une illusion. Selon vous, quelles sont les limites de l'objectivité d'une image ?

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