22/01/2008

III - b) Le rôle de la légende :

Un des dangers de la photographie réside dans son immédiateté. En effet, en un regard, le spectateur juge et interprète la photographie. Le texte qui accompagne généralement la photographie permet d'informer le spectateur sur la signification de l'image : le texte contribue donc à la véracité de la photographie.

Une photographie, qu'importe son support, est toujours accompagnée d'une légende où figure le nom du photographe, la date et le lieu où la photo a été prise ou soit d'un commentaire qui illustre le sujet. Sans ces indications, une photographie peut être interprétée de nombreuses manières différentes selon le sensibilité, l'histoire et les codes culturels de celui qui la regarde : la photographie a un caractère polysémique. Par exemple, cette photo :

On peut lui donner différentes interprétations. Par exemple, on peut imaginer qu'elle représente un public qui tends les bras vers une célébrité dans l'espoir de la toucher ou on peut dire qu'elle met en scène les huées d'une foule durant une manifestation. Des milliers d'autres interprétations peuvent être possible. La véritable signification de la photographie est donnée par les deux lignes qui l'accompagnent. Ici, c'est une photo de Max Ehlert prise en 1936. On réalise donc que cette photographie représente une foule, en Allemagne, qui tend le bras droit, signe et symbole du nazisme qui commençait à faire rage à cet époque.

De plus, comme nous l'avons indiqué dans « Le rôle du photographe », il n'y a pas de lois internationales pour les droits de la photographie et du photographe : n'importe qui peut faire passer un message totalement différent que le photographe voulait faire passer par sa photographie à la base. La légende d'une photographie peut faire disparaître le véritable message d'une photographie ou encore la sortir de son contexte initial. Pour illustrer cette idée, nous pouvons citer l'exemple de la photo de Robert Doisneau prise en 1958 :


Cette photo a été prise par Robert Doisneau un jour où il flânait dans un bistrot à Paris. Il a été séduit par la scène qui se déroulait devant ses yeux : un monsieur lançant un regard amusé et gourmand à une jeune femme au verre. Après avoir eu la permission des deux protagonistes de les photographier et d'utiliser leur image, il dépose la photographie à une agence. Peu de temps après, la photographie est publiée pour illustrer un article sur l'action malfaisante des boissons alcoolisées dans un petit journal mais avec l'autorisation de l'agence. Plus tard, elle illustre un article sur la prostitution sur les Champs-Élysées dans la revue Le Point sans aucune autorisation : ni celle de l'agence et encore moins celle du photographe. L'homme de la photo porte plainte contre Robert Doisneau qui sera seulement considéré comme "artiste irresponsable" alors que l'agence et le journal contre qui l'homme a aussi porté plainte seront condamnés.

Comme nous l’avons vu au début de cette partie, le texte qui accompagne une photographie permet de la rendre plus "vraie" aux yeux du spectateur. On peut donc en déduire que grâce au texte, une photographie est plus argumentative.

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